A la lumière de nos jours de Clarisse Sabard

Résumé

2013. Julia débarque dans sa famille, en plein cœur de la Touraine. Déchue d’un concours de pâtisserie dont elle était membre du jury, la jeune femme ne va pas bien et sa vie part en vrille. Elle décide de se rapprocher de sa famille paternelle, et surtout de Suzette, sa grand-mère, qui vient d’intégrer un EHPAD. Et si cette dernière l’accueille à bras ouverts, ce n’est pas le cas d’Alex, le cousin de Julia, qui lui en veut de son silence radio durant des années… Suzette propose un pacte aux deux cousins : s’ils acceptent d’habiter dans sa maison et de la vider, elle leur reviendra à son décès. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que Suzette a un grand rêve : que les deux jeunes gens recréent la pâtisserie familiale… Julia va plonger dans les affaires familiales, et va notamment découvrir l’histoire d’Eugénie, son arrière-grand-mère, qui a quitté le village en 1919 pour d’obscures raisons… Eugénie, qui a atterri chez sa tante, esseulée, dans les faubourgs parisiens… Des années 1920 aux années 1970, Julia va traverser l’histoire d’un demi-siècle aux travers des grandes figures féminines de son époque.

Mon avis

Bien qu’ayant d’autres livres de Clarisse Sabard dans ma PAL, j’avais follement envie de lire celui-ci dont j’ai beaucoup entendu parler ces derniers temps. Et j’ai eu un coup de cœur pour ce magnifique roman qui mêle trois histoires de femmes et un terrible secret.

L’histoire débute à Paris avec Julia qui vient de perdre à la fois sa mère et son job. Pour réaliser les dernières volontés de sa mère, elle retourne en Touraine où elle découvre l’histoire d’Eugénie, son arrière-grand-mère. Le récit alterne alors entre 1919 (et les années suivantes de la vie d’Eugénie) et 2013.

En plaçant une partie de l’action de 1919 dans la « zone », les bidonvilles de Paris, Clarisse Sabard m’a fait découvrir un fait que j’ignorais complètement sur cette période de l’histoire. J’ai trouvé ça passionnant au point de faire quelques recherches sur Internet (je vous invite à jeter un œil sur les liens plus bas si ça vous intéresse 😉 ). Et si vous êtes intéressés par l’Histoire, vous trouverez de nombreuses références sur les grands faits de cette période : les gueules cassés, les grèves…

L’histoire s’enrichit ensuite avec celle de Suzette, la grand-mère de Julia, en 1936. Et, tout comme Julia, je me suis prise de passion en découvrant les histoires d’Eugénie et Marcel et surtout celle de Suzette et Max. Celle de ces derniers se situent avant et durant la Seconde Guerre Mondiale et, à nouveau, vous trouverez de nombreuses références aux grands faits de cette période et notamment la Résistance et les villages martyrs.

Puis les mystères sont de la partie aussi et mon intérêt pour l’histoire ou plutôt les histoires ne fait que grandir.

L’auteur a imaginé des héroïnes féminines fortes vivant des évènements intenses :

• Julia est en plein dans la tourmente quand on fait connaissance avec elle, mais on découvre vite qu’elle est affirmé et qu’elle affronte les obstacles la tête haute. Enfin, presque…

Mais apparemment, quelque chose chez moi ne tournait pas rond, car j’étais ce genre de fille à trouver des heures après ce qu’elle aurait dû dire sur le coup.

En retournant en Touraine, elle ne s’attendait sûrement pas à découvrir une telle histoire familiale ni à retrouver son ex, Ben.

• Eugénie est très attaché à sa terre et à sa famille. Elle sera toujours là pour eux.
• Suzette est peut-être la plus touchante par son histoire d’amour et par sa détermination à aider ses petits-enfants. Elle reste forte même dans les épreuves les plus terribles.

L’écriture de l’auteure est addictive et fluide donc ne vous laissez pas impressionner par le nombre de pages car vous risquez de ne pas vouloir lâcher ce roman.

Conclusion

De la zone de Malakoff à la campagne tourangelle, de 1919 à 2013, le destin de trois femmes nous tient en haleine. Grandiose ! Un coup de cœur !

Quelques mots sur l’auteur(e)

Clarisse Sabard est née en 1984 dans une petite ville située en plein cœur du Berry. Après un bac littéraire, elle s’oriente vers le commerce. Un AVC la rattrape et elle décide de réaliser enfin son rêve : écrire. Passionnée de littérature et de voyage, elle vit aujourd’hui à Nice et se consacre à l’écriture.

Son premier roman, Les Lettres de Rose, a reçu le Prix du Livre Romantique 2016, et connaît un beau succès. Elle est également l’autrice de La Plage de la mariée, du Jardin de l’oubli, de Ceux qui voulaient voir la mer et de La Femme au manteau violet, parus aux éditions Charleston.

Extrait du site des éditions Leduc

Quelques liens intéressants

Si vous voulez en savoir plus sur les fortifications de Paris et la « zone », cette page est très intéressante.

Vous trouverez des infos sur les villages martyrs par ici.

Un petit extrait pour finir…

Revoir ces lieux m’emplit le cœur de tristesse. C’était difficile, de ne plus penser au passé, d’accepter ne pas pouvoir revenir en arrière pour savourer une ultime fois un plongeon dans l’eau fraîche de la Creuse ou un câlin de ma mère, à l’ombre du verger, le nez enfoui dans son cou qui sentait bon la fleur d’oranger. Mes pensées dérivèrent sur Eugénie, qui avait été plus ou moins chassée de ces terres. Je comprenais à quel point cela avait dû être difficile pour elle, de voir son petit univers voler en éclats, au nom des conventions et des carcans de l’époque. Une branche s’accrocha à mes vêtements et je sursautai. Sans en avoir conscience, je m’étais aventurée vers l’une des berges de la rivière. Avant, il y avait un vieux banc de bois moussu, qui ajoutait à l’ambiance bucolique. C’était là que s’achevaient souvent nos escapades à vélo du mercredi après-midi. Cette partie de la rive étant redevenue un peu sauvage, j’écartai les ronces avec précaution pour me frayer un chemin. Le banc était toujours là, au bord de l’eau, et je remarquai la silhouette solitaire d’un homme assis. A côté de lui, un magnifique golden retriever se prélassait dans les derniers rayons du soleil.