Rendors-toi tout va bien d’Agnès Laurent

Résumé

Derrière les vies ordinaires peuvent se cacher les plus terribles secrets…

Une femme dans une voiture délabrée, une autoroute, un jour de grand départ. Et soudain, l’accident. Qui est la victime ? Épouse, mère, femme ordinaire ? Qu’a-t-elle fait durant les heures qui ont précédé le choc ? Pourquoi son mari a-t-il été arrêté un peu plus tôt ?

Depuis sa cellule de garde à vue, ce dernier cherche à comprendre pourquoi sa femme a pris la fuite. Que n’a-t-il pas vu, que n’a-t-il pas voulu voir derrière les  » rendors-toi, tout va bien  » de celle qui vivait à ses côtés ? Et si, lui aussi, avait sa part de culpabilité ?

Simples voisins, amis, parents… au cours de cette journée, ils ont croisé ceux qui allaient devenir les personnages d’un terrible fait divers. Tour à tour, ils racontent ce qu’ils savent de ce couple sans histoire ou ce qu’ils pensent en savoir. Il y a des choses inimaginables tant elles dépassent l’entendement.

Un premier roman d’une finesse psychologique remarquable, qui dit avec justesse le glissement d’une femme jusqu’à sa disparition et qui nous interroge de manière lancinante… Que sait-on de nos proches, que sait-on de ces vies que l’on frôle ?

Mon avis

J’ai craqué sur ce livre lors du dernier Festival Sans Nom. L’auteur était présente à une conférence et l’histoire me tentait beaucoup : on part de l’accident de Christelle puis on remonte le temps à travers les yeux des autres personnages pour essayer de comprendre comment on en arrive à cet accident. L’auteure est en plus très sympathique et j’ai adoré discuter avec elle. Je ne regrette pas du tout mon achat car j’ai adoré cette histoire.

Avant de vous parler plus amplement de l’intrigue, je voulais vous faire partager cette citation qui ouvre le roman et qui m’a énormément plu :

Je nommerai désert ce château que tu fus,
Nuit cette voix, absence ton visage,
Et quand tu tomberas dans la terre stérile
Je nommerai néant l’éclair qui t’a porté.

Yves Bonnefoy, « Vrai nom »

L’histoire est savamment construite : on commence par un accident de la route avant d’être propulsé le matin du même jour. La journée défile sans qu’on sache quel crime ou délit a eu lieu.

Autre originalité de l’histoire, on fait connaissance avec Christelle très rapidement au début puis on l’a voit à travers les yeux des autres. On assiste à une véritable autopsie d’une vie, d’un couple. Pourtant aux yeux des autres, tout semble bien sous tout rapport. Alors que cache Christelle ?

Puis, à force d’indices (sous-entendus des gendames entre autres), dans le dernier tiers du roman, j’entrevois ce qui a pu arriver, mais c’est si horrible que je me dis que ça doit pas être ça. Et si Christelle… Non, impossible (elle semble être une mère et une épouse aimante) et pourtant à bien y réfléchir, certains faits divers sont tout aussi terrible si ce n’est plus.

Le thème sous-entendu par cette histoire fait froid dans le dos : connait-on vraiment nos proches ? Que peut cacher une famille, une mère, un père bien sous tout rapport ?

L’écriture est totalement addictive car à chaque chapitre (qui sont relativement court) le protagoniste change : soit Guillaume ou sa femme, Christelle, soit un voisin, un ami ou un inconnu croisé par Christelle. On plonge au cœur de l’histoire comme si on était un enquêteur en train d’interroger les suspects. Les pages défilent et on n’a pas envie de lâcher le livre car le dénouement se dévoile au compte-gouttes.

Conclusion

Un thriller très bien construit et totalement addictif : connait-on vraiment nos proches ? Que peut cacher une famille, une mère, un père bien sous tout rapport ?

Quelques mots sur l’auteure

Agnès Laurent est une journaliste.

Journaliste au quotidien économique « La Tribune », elle arrive à l’​hebdomadaire « L’Express » en 2011. Elle travaille d’abord en politique, puis au service société.

Férue d’actualité, elle trouve sa matière première dans les faits divers et de société.

De toutes ces bribes de vie est né son premier roman « Rendors-toi, tout va bien » (2021).

Extrait de Babelio

Un petit extrait pour finir…

Il attrape ses crayons et les ligne sur le bureau à un demi-centimètre d’intervalle. L’un d’eux n’est pas parfaitement parallèle aux autres, il le redresse légèrement. Il fait glisser ses dossiers jusqu’au bord de la table, s’arrête juste avant la chute. Il récupère les tasses à café sales, se lève pour les laver. Il se rassied. Il a de la chance, pour une fois, il n’a pas à prévenir le mari. Les collègues de Sète s’en chargent, il est chez eux depuis ce matin. Lui, on lui a juste ordonné de dénicher quelqu’un d’autre, quelqu’un de la famille, il y a des enfants, il faut s’en occuper. On lui a dit, essaie la mère ou peut-être la belle-sœur, il paraît qu’elles sont proches.

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